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Photo du rédacteur Collectif Lillois de Psychanalyse

Pour prolonger le « Trans-événement » du 15 Avril 2023

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Épisode n°2



Le samedi 15 avril au théâtre des hirondelles à Fretin, le Collectif Lillois de Psychanalyse a proposé à ses spectateurs un dispositif théâtral dans lequel cinq scènes créées pour l’occasion figuraient quelques-unes des idées principielles à partir desquelles s’organisent les théories du genre. Elles permirent d’introduire le propos de Fabrice Bourlez, professeur et psychanalyste, ainsi que la discussion autour de son livre « Queer psychanalyse ». À la scène « de l’interpellation » (épisode 1) qui inaugurait la série a succédé celle dite « des psychiatres ». Celle-ci se partage en deux parties et en deux temps qui sont le dédoublement de la même scène à un psychiatre près.


Scène n°2 :

La scène des psychiatres


Premier extrait



Quelques informations préalables (1)


« Dans cette scène entre la mère et le pédopsychiatre, l’enjeu est de rassurer la mère. De toute évidence, c’est d’abord cette réassurance qu’elle vient chercher auprès du professionnel. Et elle paraît réussir. Le psychiatre lui répond qu’elle n’y est pour rien dans le choix de son enfant, né garçon, d’être une fille. L’enfant est représenté ici par le diadème car il est le grand absent de la scène, ce que l’on voit bien dans le second temps où le pédopsychiatre interprète d’une certaine manière le geste de l’enfant, qui est plutôt celui de la mère, consistant à serrer sa main dans la sienne. L’interprétation — « tu rassures maman sur le fait qu’elle ait fait le bon choix » — se fait aux dépens de l’enfant : on ne sait pas ce qu’il veut dire, il n’a pas la parole, ses gestes sont interprétés et tout est commenté dans le but de rassurer cette mère. »


Deuxième extrait



Quelques informations préalables (2)[1]


« Dans cette partie on voit un psychiatre qui culpabilise la mère en la rendant responsable de ce qui arrive à son enfant, cet enfant qui reste encore le grand oublié de l’échange. Le psychiatre accuse la mère de déshumaniser son fils au nom d’un supposé ordre symbolique. Si la première partie a été directement inspirée du documentaire « Petite Fille » de Sébastien Lifshitz, sorti en 2020, documentaire qui montre le combat d’une mère pour faire reconnaître Sasha comme une petite fille, la seconde a été imaginée à partir de la critique de ce documentaire émise par Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun dans l’ouvrage « La dysphorie de genre, à quoi s’en tenir pour ne pas glisser ? » sorti chez Erès en 2022 et qui reflète une position orthodoxe de la psychanalyse sur ces questions de genre. »


Scène introduite par « For today I am a boy » d'Antony and The Johnsons :




À propos de la scène


Dans cette scène nous nous trouvons face à deux psychiatres dont la manière symétriquement inverse de répondre à la même demande révèle les visions opposées qui guident leur soin : une vision scientifique pour ne pas dire scientiste d’un côté et une vision psychanalytique du type orthodoxe de l’autre. Le choix fait par les metteurs en scène de marquer l’opposition des discours par une inversion de place indique que chaque discours n’est en réalité que le miroir inversé de l’autre. En effet, c’est pour répondre à la supposée « culpabilisation des parents par les psychanalystes » que le premier convoque la science pour affirmer que le désir de la mère n’y est pour rien ; de même c’est pour répondre à la supposée « deshumanisation de l’individu par la science » que le second mobilise la psychanalyse pour affirmer la supériorité civilisatrice du désir du sujet. Autrement dit, chaque discours aperçoit dans le miroir du discours ennemi ses travers : une science sans conscience qui, forte de ses techniques de plus en plus disruptives, devient capable de modeler physiquement un corps au point de le transformer à volonté[2] ; une psychanalyse sans science qui, forte de sa doctrine œdipienne originellement scandaleuse, s’érige en conscience morale de la société. Le discours tenu par chacun n’a ainsi de sens qu’au regard de celui contre lequel il s’énonce. Se mirant l’un dans l’autre, ils sont imaginairement liés, telle une diade[3], et aboutissent au même résultat : l’oubli du désir de l’enfant réduit à un « Dyade-Aime ». « Dyade-Aime » ?


Il y a trois protagonistes dans la scène : l’enfant qui reste farouchement silencieux ; la mère qui parle au nom de son enfant et de son désir ; et les psychiatres davantage préoccupés par cette mère que par l’enfant, le premier voulant la rassurer en la déculpabilisant, le deuxième la culpabiliser en dénonçant sa toute-puissance. Et ces trois protagonistes sont pris dans une action. Laquelle ? Au cœur de la scène, une discussion se tisse à partir du discours de la mère et du crédit qu’on lui accorde. Assise face aux psychiatres, la mère se présente en porte-parole de son enfant : en exprimant tout haut les mots restés en germe de son fils, elle porte à l’existence une parole inentendue car inentendable, afin de lui donner toute sa portée. Or, faute d’être entendue puisqu’elle n’est pas exprimée, la parole de l’enfant est supposée telle sur la seule foi des mots maternels, lesquels trouvent leur poids de vérité dans l’amour incommensurable vouée par cette mère à son garçon depuis sa naissance et même en-deçà. C’est dans la mesure où elle porte son fils qu’elle aime d’un amour exclusif — la dyade mère-enfant — qu’elle estime qu’on peut lui accorder crédit lorsqu’elle s’institue sa porte-parole. Quand elle parle aux psychiatres, elle le fait toujours au nom de la dyade qu’elle compose avec son enfant.


Dès lors, on saisit comment la scène se structure avec, d’un côté, une dyade-aime posée comme telle par la mère et à partir de laquelle elle légitime sa demande faite en leur double nom et, de l’autre, des psychiatres qui, pris dans le mirage du discours maternel, se comportent eux-mêmes « diadiquement » en se souciant du désir de cette seule mère. Mais quel est donc le désir de cet enfant « Dyade-aime » ? Nous n’en savons rien car il est hors-scène, et pourtant l’enfant est-il si absent que cela de la scène ? Pas sûr.


S’il est omniprésent dans les discours comme sujet de l’énoncé, il est absent dans les faits au titre de sujet de l’énonciation. De même, s’il est présent à travers son représentant métonymique qu’est le diadème bleu posé sur la chaise, il est physiquement absent de la scène, puisque de lui on ne voit rien ni n’entend rien. Grâce à cet objet dérisoire, à deux doigts du grotesque, il est assigné à une place au titre de manquant : manquant au champ du visible dont il est retiré mais présent de ce fait même, comme faille qui absorbe la lumière des projecteurs. Il est le creux d’une soustraction et l’évidement d’une rétractation, il est l’« en-moins » d’une excavation et le lieu d’une marque pleine de vide. Dans et sur la scène, il apparaît comme le fantôme d’une présence qui ne cesse de hanter les planches et d’habiter le récit, au point de fournir sa loi à l’ensemble car c’est autour de lui, du trou noir qu’il perce, de la parure qu’il arbore et du nom qu’il porte, que tournent les protagonistes ainsi que leurs discours. Métonymiquement représenté par un diadème posé sur une chaise, il est le personnage central de toute cette affaire qui, en tant qu’œil du cyclone, produit les désirs et agence les fantasmes des protagonistes.

Le résultat est qu’il révèle les désirs et les fantasmes des autres protagonistes en devenant leur nom. Voyons plutôt ! Au cœur de la scène, il y a une demande de changement de sexe. Or, sans les progrès de la science l’idée même de changer de sexe n’existerait pas. A-t-il fallu que la science crée cette possibilité matérielle, et en propose ensuite l’offre commerciale, pour que la demande naisse et qu’elle soit. Les demandeurs de changement de sexe sont ainsi les enfants de la science dont ils révèlent le désir prométhéen. Parallèlement, en affirmant la suprématie du désir sur lequel il ne faut pas céder, la psychanalyse a contribué, si ce n’est permis, son inscription au panthéon des valeurs individuelles et sociales. Or, que font les demandeurs de changement de sexe sinon affirmer la supériorité de leur désir sur toutes données supposément naturelles ? À ce titre, les demandeurs sont les enfants de la psychanalyse dont ils révèlent l’hybris. L’enfant « transgenre » est fruit de l’union de la science et de la psychanalyse, du diadème comme « parure », « arrangement » et donc « opération esthétique », et du diadème comme « couronne », « consécration » et par voie de conséquence « désir roi ». Si la première transforme, la deuxième consacre. Le « diadème » est le signifiant du désir de l’un et de l’autre.


Nous pourrions nous arrêter là s’il n’y avait une méprise dans la scène. Il y a beau avoir un psychiatre qui se réfère à la psychanalyse, et de la plus orthodoxe, il n’en reste pas moins que c’est d’abord en médecin qu’il s’adresse à la mère en tant qu’il a à juger de la pertinence ou non d’un changement de sexe rendu possible par les progrès de la science. Et comme le montrent les protocoles mis en place par les équipes médicales chargées de répondre à ces demandes[4], dans le cas où il y a évaluation psychiatrique, elle consiste à s’assurer que la demande est ancienne et pérenne, qu’aucun trouble mental n’est à la source de la dysphorie de genre et que le requérant dispose de toutes les informations nécessaires pour prendre une décision éclairée. À aucun moment, il n’a donc à juger de la souffrance comme telle.


Nous en tirons alors cette conclusion : si la psychanalyse est omniprésente dans les discours puisqu’on ne parle que d’elle, que ce soit pour la dénoncer ou pour s’en autoriser, elle est absente dans les faits. Elle apparaît tel un fantôme hantant la scène, enveloppant de son aura toute la représentation, laissant dans son sillon le bruit assourdissant de son silence et le trou béant de son absence. Elle est l’objet dont on se pare et le nom dont on se gargarise, elle est celle que l’on veut faire parler…, elle est l’enfant !



Question


Dans le fil d’une époque où le ressenti, voire le ressentiment, est premier, où le vécu devient l’alpha et l’oméga des relations humaines, le « psychiatre non-analyste » du premier extrait oriente sa pratique sur le fil ténu, et tellement précaire, de la réalité d’un sentiment qui ferait vérité. En évacuant le Désir de l’Autre en affirmant qu’il n’y est pour rien — désir qui fait retour sous la forme de l’attention exclusive du psychiatre à la mère —, il condamne le sujet à trouver en soi, et seulement en soi, une raison d’être. Or, que trouve-t-il ? La substance d’une souffrance. Ainsi, la vérité quitte les sphères de l’ordre symbolique pour gésir désormais au cœur de l’être souffrant.


La demande de changement de sexe de l’enfant dans la scène est une manière de répondre à cette souffrance. Il s’agit d’ajuster un corps à un vécu, de lever le désaccord douloureux, avec pour effet de changer le regard porté par les autres, et plus largement la société, sur l’enfant. Mais ceci ne va pas sans poser question. Ainsi définis, ces buts introduisent des doutes quant aux motivations du changement. En effet, en changeant de sexe l’enfant s’ajuste aux normes sociales exigeant qu’à un comportement de femme réponde un corps de femme. Dans ce cas, n’est-il pas en train de se soumettre encore plus puissamment à cette société patriarcale et hétéronormée ? De même, si sa demande consiste bien à éradiquer cette discordance intérieure qui le blesse et le fait souffrir, qu’est-ce qui nous assure que cette discordance est bien causée par cet écart entre le réel de son vécu et la réalité de son corps et non par l’incomplétude gisant au cœur de chacun d’entre nous ? Autrement dit, en quoi cette souffrance serait spécifique, requérant alors des moyens exceptionnels pour l’ôter, et non générale, propre à la condition humaine ?


Quelques éléments pour introduire à une réponse possible…


Si on se penche sur la demande elle-même, on découvre qu’un paradoxe la creuse en son milieu. En effet, arguant haut et fort que le sexe est une construction sociale, le requérant rejette d’un revers de main toute objection fondée sur l’immuabilité d’un donné naturel pour mieux assener sa revendication que rien ne saurait délégitimer. À ce titre, elle s’inscrit dans la pensée transgenre. En même temps, si cette demande vient à se réaliser, elle aboutit à une concordance entre les signes exhibés du corps et le sexe socialement reconnu. En ce sens, elle obéit aux injonctions de normalité colportées par la société puisqu’il s’agit bien d’une entreprise de normalisation consistant à supprimer le trouble dans le genre au profit d’un réajustement entre le mot et la chose, la nomination et le sexe, la désignation et le corps. On retrouve la même ambiguïté dans la démarche que suit le demandeur pour satisfaire sa demande. Dans la mesure où seule la science médicale est capable d’y répondre, la personne demandeuse doit en passer par un diagnostic préalable, celui de « dysphorie de genre », avant d’accéder à la technique. Comme le démontre son inscription dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le fameux « DSM » cinquième du genre, cette dysphorie de genre ressort d’une pathologisation de l’individu. Or, l’une des principales batailles menées par les théories du genre n’est-elle pas la dépathologisation de toutes les revendications « trans » et leurs sorties du giron psychiatrique ? Il faut donc que le vécu dépathologisé en passe par une pathologisation pour qu’il trouve sa résolution. Les demandeurs sont à ce point conscients du problème qu’ils développent, par le biais de communautés d’abord numériques, une offre alternative, plus ou moins faite sous le manteau, s’appuyant sur quelques médecins peu regardant, hors des circuits officiels longs et laborieux. Mais c’est surtout sur le terrain des idées que la lutte est engagée. On observe en effet un glissement du trouble mental dans lequel la « dysphorie de genre » pourrait se ranger, vers le registre plus universel de la souffrance. Dans la définition qu’elle en donne, l'association américaine de psychiatrie précise que « la non-conformité de genre… n'est pas un trouble mental », qu’elle « est caractérisée par la présence associée d'une souffrance clinique significative »[5]. En étant ainsi qualifiée, la dysphorie de genre sort du champ de la psychiatrie pour entrer dans celui de la médecine « classique » dans laquelle on soigne le sujet d’une souffrance dont l’origine est organique puisqu’il s’agit d’une affaire d’organes discordants — et non défectueux, là est le tour. Si l’organe est bien la source de la souffrance, il ne l’est pas en tant qu’il dysfonctionne mais en tant qu’il ne devrait pas être là, qu’il signe une erreur de fabrication, qu’il résulte d’une maldonne originelle. En changeant de sexe il s’agit de corriger l’erreur en tant que cette erreur s’est établie dès le départ, dès la conception. Dès lors, la souffrance dont il s’agit est bien une souffrance originelle, de celle qui s’institue dès l’origine. Mais de quoi parle-t-on ? De souffrance ou de détresse ? Derrière le qualificatif de « souffrance clinique significative » on découvre très souvent sous la plume des uns (la communauté LGBTQIA+) et des autres (la communauté des soignants) celui de détresse[6]. Or, la détresse est-elle la même chose que la souffrance ?


Quand il parle de détresse Freud emploie le terme de Hilflosigkeit. Il désigne par là l’état d’impuissance fondamentale dans laquelle le nourrisson se trouve en raison de sa prématurité et dont la conséquence est de le mettre dans une situation de dépendance extrême envers un Autre omnipotent, la Mère en l’occurrence, seule à même de réduire ses tensions (telle celle créée par la faim) et donc de le satisfaire. L’adulte revit cette expérience première de détresse chaque fois que, jeté dans un milieu étranger, il éprouve une dépendance absolue à l’Autre et qu’il est confronté à l’énigme du désir de ce dernier (Freud, Inhibition, Symptôme et Angoisse).


Doit-on considérer que la détresse qui cause la demande de changement de sexe est du type Hilflosigkeit ? De même que le bébé éprouve dans un désarroi profond l’écart qu’il y a entre ses capacités physiques encore modestes et celles requises pour réduire les tensions qui l’assaillent, le demandeur éprouve dans une détresse exacerbée la discordance qu’il y a entre l’identité de genre et le corps sexué requis pour réduire le mal-être qui le tourmente. Dans les deux cas, il y a quelque chose de prématuré, que ce soit dans une naissance advenue avant le terme de la gestation corporelle ou que ce soit dans une parole énoncée avant le terme de la construction identitaire. Et à chaque fois l’impuissance domine puisque ni le bébé ni le demandeur ne peuvent à partir de leurs seules ressources résoudre le problème auquel ils font face. Dès lors, ils n’ont d’autres solutions que de mobiliser un Autre tout-puissant, que ce soit la Mère ou la Mè(re)decine, dont ils dépendent absolument. À rapprocher la détresse du demandeur de la détresse du bébé on mesure combien le lien qui lie le premier au médecin est du type dyadique. En ce sens, détresse est bien le terme qui qualifie le mieux le vécu à l’origine de sa demande.


Le Collectif Lillois de Psychanalyse, un collectif Queer ?


Le 15 avril, à chaque fin de scène surgissait de la salle un membre du collectif qui, une fois gravis les quelques escaliers qui le séparait des acteurs, se lançait dans un commentaire sur la scène écoulée. Celle des « psychiatres » poussait le bouchon jusqu’à insérer un commentaire en son cœur même, en ce point où elle se dédoublait. Par là-même, elle accentuait l’incertitude de chacune de ces interventions qui ponctuèrent l’ensemble du spectacle : le « commentateur » était-il un observateur extérieur qui, depuis le dehors et dans un après-coup, informait les spectateurs sur la représentation à laquelle ils venaient d’assister ? Ou était-il un personnage parmi les personnages qui, en introduisant du commentaire au cœur du récit, participait de la représentation ? Pour le résumer d’un mot, le commentateur était-il un commentateur ou un commentaCteur ?

Cet indécidable, que les membres du collectif ont pris soin de ne jamais lever, a eu pour effet d’introduire du trouble dans le genre puisque la partie théâtrale se trouva pénétré de réflexion, la représentation de commentaire, l’art de psychanalyse, et vice-versa. Pénétré et non entremêlé puisque cette rencontre entre deux genres n’aboutissait pas à un mélange éclectique dans lequel nul ne retrouverait ses petits mais à un flou des frontières si bien qu’on ne savait plus tout à fait où l’un s’arrêtait et où l’autre commençait. C’est cette frange qui, en introduisant une zone d’indécision dans la structure, a eu pour effet (paradoxal) de mettre en exergue les découpages symboliques, et donc normatifs, qui organisaient à leur insu l’expérience des spectateurs. Incapable de déterminer avec certitude le moment où débutait la représentation et où débutait le commentaire, le spectateur éprouva par effet retour les normes à partir desquelles il range habituellement les êtres et les objets dans des cases genrées et à partir desquelles il attend un certain nombre de caractéristiques et d’attitudes. En ce sens, l’action du Collectif Lillois de Psychanalyse a rejoint ce 15 avril celle des théoriciens et des activistes queer.


Cet exercice aurait été purement « queer » s’il ne disait pas, par ailleurs, quelque chose de la psychanalyse ou plus exactement du psychanalyste. En effet, comment se caractérise la position de l’analyste dans la cure ? Sinon par le fait qu’il est à la fois un personnage engagé dans le récit de l’analysant et cet Autre qui, depuis sa position en retrait, analyse ce qui se dit sur la scène de l’inconscient. Comme tel, il apparaît transférentiellement comme un point d’indécision qui, en mettant en lumière la constellation symbolique à partir de laquelle se structure la réalité, ouvre l’analysant à une reconfiguration possible des termes (identitaires et autres) et, plus largement, à une mutation subjective. Faut-il encore, pour que ceci opère, que soit produit un acte, et non une action.


À suivre…



[1] Ces « quelques informations préalables » (1) et (2) sont la reprise légèrement modifiée du commentaire récité le 15 avril à la suite de chacune des parties et des temps.


[2] Paul B. Préciado, qui est l’une des figures les plus médiatiques et influentes de la sphère des théories du genre, s’appuie sur les progrès de la science pour annoncer une révolution épistémologique en cours. Joignant le geste à la parole, il fonde une partie de son œuvre sur le témoignage de ses propres transformations physiques, comme il le fait notamment dans « Testo Junkie ». À ce titre, sa démarche se rapproche du transhumanisme.


[3] Diade : « terme utilisé en botanique pour décrire une formation florale spécifique. Elle se compose de deux fleurs distinctes, étroitement associées et fonctionnant généralement ensemble. Ces fleurs peuvent être de même sexe (deux fleurs mâles) ou de sexes opposés (une fleur mâle et une fleur femelle). Cette organisation permet souvent une pollinisation efficace entre les fleurs concernées. La présence de diades dans certaines plantes contribue à leur diversité génétique et à leur adaptation aux conditions environnementales » (lalanguefrançaise.com). Science et psychanalyse seraient-ils les deux branches d’une même fleur permettant la pollinisation du champ « psy » et de ses discours ? Remarquons en passant combien la nature est « queer » puisque cette pollinisation fonctionne dans le cas où les fleurs sont toutes les deux mâles et dans le cas où elles sont mixtes.


[4] Nous renvoyons par exemple à la présentation de la consultation « dysphorie de genre » du GHU de Paris dirigée par le Dr Gallarda.


[5] « Gender Dysphoria » sur psychiatry.org, 2013.


[6] Il est ainsi repris par la communauté LGBT mais aussi par les professionnels de santé (cf par exemple le « MSD Manuals »).

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